250 enfants sont décédés ou lourdement handicapés dans le Nord – Pas-de-Calais ces dix dernières années, suite à un syndrome du bébé secoué. Soit entre 18 et 27 cas par an.
« C’est une maltraitance grave, par l’un des parents le plus souvent, qui pète un plomb et secoue l’enfant comme un prunier – ce sont leurs mots – Cela concerne des nourrissons entre la naissance et l’âge d’un an », explique le Professeur Matthieu Vinchon, chef du service de neurochirurgie pédiatrique au CHR de Lille.
Face à ce terrible constat, il a travaillé de concert avec le Docteur Thameur Rakza, responsable de la pédiatrie en maternité à Jeanne-de-Flandre, pour mettre en place un plan de prévention, inspiré du Crying plan au Canada. « Une mesure d’information des parents qui viennent d’avoir un enfant pour leur expliquer ce qui peut se passer si celui-ci se met à pleurer de façon intolérable, pour ne pas arriver à commettre l’irréparable », explique le neurochirurgien pédiatrique.
Depuis 2017, une trentaine de membres du personnel ont déjà été formée à la maternité Jeanne-de-Flandre. Et les cas de bébés secoués reçus au CHR ont ainsi diminué de moitié, passant à neuf en 2018. « Il y a un lien majeur entre le syndrome des bébés secoués et les pleurs », précise le pédiatre. Le personnel formé pour ça transmet aux parents que « 100 % des parents peuvent être malheureusement amenés à secouer leur bébé. Et tous les bébés pleurent », rapporte le pédiatre. « Entre une et trois heures par jour. Il y a un pic de pleurs entre 18h et 22 h. Le maximum de pleurs, c’est entre deux et trois mois. On les prépare à cela et on leur donne les moyens de calmer l’enfant, de l’accompagner et de répondre ses besoins. Dans 95 % des cas, l’enfant qui pleure est en bonne santé. Il faut attendre que l’orage passe. »
« Si on fait le ratio entre la force d’un adulte et la taille de l’enfant, c’est comme si un adulte était secoué par un ours de 500 kg », compare Matthieu Vinchon.
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